André Masson
1896 - 1987

Portrait d'André Masson par Denise Colomb, 1966

L’œuvre de Masson est intimement liée à l’aventure surréaliste que nous ne pouvons évoquer, et pour laquelle nous renvoyons aux ouvrages spécialisés ainsi qu’aux importantes publications consacrées à l’artiste.

Rappelons qu’il est à Marseille fin 1941 où il participe avec Breton et ses amis à la création du « Jeu de cartes de Marseille », avant d’embarquer avec sa famille pour New York. Vit à New Preston près de Calder et de Tanguy. Intense période créatrice et nombreuses expositions avant son retour en France en octobre 1945. À la fin de l’année, exposition galerie Louise Leiris et galerie Simon à Paris.

À côté de son œuvre picturale, Masson n’a cessé d’associer sa création à celle des poètes et écrivains dont il a illustré les œuvres, ou bien pour lesquelles il a conçu décors et costumes. Dès 1946 il collabore au premier spectacle du Théâtre Marigny, Hamlet, avec la compagnie Renaud-Barrault, et à Morts sans sépulture de J.-P. Sartre. Premier don de Paul Rosenberg au musée national d’Art moderne à Paris. S’intéresse à cette époque au phénomène de la lumière — thème du Port de La Rochelle — tout en peignant des tableaux imaginaires. Importante exposition au palais des Beaux-Arts de Bruxelles. 1947, exposition à New York, Londres, Paris, La Haye. Il travaille la lithographie avec Picasso dans l’atelier de Mourlot. Parution de l’ouvrage de Michel Leiris et Georges Limbour André Masson et son univers. Le 15 octobre, Masson s’installe villa l’Harmas, au Tholonet, près d’Aix-en-Provence où il travaille jusqu’en 1948 : thèmes de la campagne d’Aix.

“ À côté de son œuvre picturale, Masson n’a cessé d’associer sa création à celle des poètes et écrivains dont il a illustré les œuvres, ou bien pour lesquelles il a conçu décors et costumes. ”

S’intéresse à l’impressionnisme et fait paraître un article dans la revue Verve intitulé « Monet le Fondateur » où il tente une nouvelle analyse en partant de la filiation Turner, Monet, Renoir et Cézanne parallèlement à l’étude des peintres chinois et de celle de la calligraphie. 1948, exposition d’œuvres récentes à la galerie Louise Leiris. 1949, voit ses premières eaux-fortes en couleurs, trente-trois illustrent Les Conquérants d’A. Malraux. Voyage en montagne. Il peint des paysages et des oiseaux morts. Exposition galerie de la Place Vendôme, dessins érotiques groupés sous le titre Terre érotique avec un texte de Bataille : rapidement fermée. La Monnaie lui commande la médaille de Malraux. 1950, il peint des nus féminins, des cascades, réalise des pastels et fait paraître Le Plaisir de peindre (Nice, La Diane française). Rétrospective à la Kunsthalle de Bâle avec Giacometti. En 1951, un voyage à Venise, où il retournera en 1954 et 1955, l’inspire pour plusieurs années, avec notamment un album de lithographies en couleurs Voyage à Venise dont le texte est lithographié, tiré sur les presses et par les soins de son ami Léo Marschutz à Aix-en-Provence où il séjourne toujours. Autres albums issus de cette collaboration : Carnet de croquis, Sur le vif, Toro avec une préface de Michel Leiris. Pendant cette période aixoise, décors et costumes pour Iphigénie en Tauride (Gluck) au festival d’Aix, tableau sur le thème des baigneuses où il tente d’intégrer le nu au paysage (1953) et amorce du thème des Migrations et des Féminaires (1955). En 1955, il participe au film de Jean Grémillon La Maison aux images. Fait paraître un article, « L’effusionniste », pour la NRF. Dans sa peinture il reprend l’emploi du sable parfois associé à des techniques mixtes.

Portrait de Rose Masson, circa 1944
Huile sur toile
69 x 56 cm
Corrida (Corrida imaginaire), 1936
Huile sur toile
85 x 90 cm

À partir de 1956, les expositions particulières se multiplient, de même ses participations à des groupes (consulter le catalogue « Rétrospective Masson », Paris, 1977). Il exécute Féminaire, album de gravures en couleur. Écrit plusieurs articles dont « Le peintre et ses fantasmes » pour la Revue philosophique et fait paraître son livre Métamorphose de l’artiste chez P. Cailler à Genève. Entreprend les séries Dévoration, Féminaire de la rue Saint-Denis, La Femme multipliée, poursuivies les années suivantes, de même Les Migrations, tableaux de sable « gestuels » aux couleurs lumineuses. Emploie souvent la détrempe jusqu’en 1962. Exposition « Œuvres récentes et anciennes » à la galerie Louise Leiris à Paris.

1957, Jean Grémillon réalise à Aix le film qu’il consacre à l’artiste, André Masson et les quatre éléments. Georges Charbonnier fait une émission diffusée par la RTF, « Dialogues avec André Masson », entretiens réunis et publiés en 1958 aux éditions Julliard. En 1958, l’Albertina de Vienne fait la première rétrospective de son œuvre gravé. Une salle lui est consacrée à la Biennale de Venise, texte d’Eugène Ionesco. Donne une conférence au Collège de philosophie de Paris, « Des nouveaux rapports entre peintre et regardant » (in Mercure de France, 1958, vol. 334, pp. 193-207). Expose Couple dans la nuit au Salon de mai. Poursuit la suite des Migrations. Sa peinture devient abstraite avec un intérêt plus grand donné à l’espace et au signe gestuel.

De 1959 à 1961, les signes calligraphiques issus de techniques relevant de l’automatisme disparaissent au profit d’une activité graphique moins stylisée. 1959, Errance, peinture au « jet » et à l’aérographe, l’un des quelques tableaux réalisés avec cette technique.

Avec cette période il abandonne les sables saupoudrés, les projections de couleurs (dripping), les vaporisations, les pressages, les collages d’éléments bruts (cette période fait écho aux premiers tableaux de sable, 1927-1928). Thèmes principaux, la jubilation et l’extase avec les figures mythologiques ; thèmes des centaures, oracles et nymphes. Jusqu’en 1961, Figures mythiques, Lieux emblématiques et Annales de la nature occupent une première place.

1960, grande rétrospective de dessins (1922 à 1960) à la galerie Louise Leiris. Invité à Vienne pour la rencontre « Artistes d’Orient-Artistes d’Occident ». Rencontre Tobey qui séjourne à Paris. L’année 1961 voit les illustrations pour Un coup de dés jamais n’abolira le hasard de Mallarmé, entièrement lithographié en couleurs ; vingt-deux dessins « Sur le thème du désir », lithographies, textes de J.-P. Sartre et A. Masson ; Une saison en enfer de Rimbaud, gravures en couleurs. Suite de toiles sur le thème de la prison. Prononce en mars une conférence, « Propos sur le surréalisme », au pavillon de Marsan.

1962-1964, thème des Massacres (repris aux années 1932-1933) avec des points culminants en 1963-1964 avec une violence marquée. Nouvelle évolution vers la figuration en 1962-1963. Trophées érotiques, suite de gravures éditées début 1962. Éros occupe une place de plus en plus grande dans son œuvre graphique de 1960 à 1975. 1962, peintures récentes galerie Louise Leiris. Thème des Cérémonies et des Figures tutélaires. En 1963, il quitte son appartement du 65, rue Sainte-Anne où il vivait depuis 1958, pour s’installer rue de Sévigné dans le Marais, où il s’éteindra. Décors et costumes pour la création de Wozzeck d’Alban Berg à l’Opéra de Paris sous la direction de P. Boulez. 1965, peint le plafond du Théâtre de l’Odéon. Participe à « L’École de Paris » galerie Charpentier de 1954 à 1959.

1965, rétrospective. Musée national d’Art moderne de Paris. Catalogue, biographie rédigée par l’artiste, préface Jean Cassou.

1972, « Masson, période asiatique 1950-1959 ». Galerie de Seine, Paris. Catalogue, texte Françoise Will-Levaillant. Chronologie.

1975, « A. Masson, œuvres de 1921 à 1975 ». Musée Granet, Aix-en-Provence. Catalogue, « Chronologie d’André Masson » par Georges Duby.

1976, rétrospective pour le 80e anniversaire. Museum of Modem Art, New York. Catalogue William Rubin, Carolyn Lanchner, présentée ensuite à Paris en 1977.

1976, « 200 dessins ». Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Catalogue.

1977, « Hommage A. Masson ». Grand Palais Paris. Catalogue, W. Rubin (biographie, bibliographie complètes).

1982, « André Masson. Exposition pour son 85e anniversaire ». Centre G. Pompidou, musée national d’Art moderne Paris. Catalogue.

Parmi les récentes expositions :

1983, « Masson. Rétrospective, travaux pour la scène ». Théâtre du Rond-Point, Paris. Catalogue, texte Michel Leiris.

1983, « Masson. “Instants”, 67 œuvres 1948-1953 ». Galerie Louise Leiris, Paris. Catalogue.

1985, galerie Jean-Jacques Dutko Paris. Catalogue.

1986, galerie Artcurial. Galerie Louise Leiris (catalogues).

1987, « Masson. Automatismes ». Chapelle de la Sorbonne, Paris. Catalogue, texte Daniel Abadie.

1989, galerie Jacques Bailly, Paris. Catalogue.

1989-1990, « Rétrospective : A. Masson, l’insurgé du xxe siècle ». Académie de France à Rome. Catalogue.

1990, « André Masson, œuvres 1954-1974 ». Centre culturel d’Issoire. Catalogue.

1991, « A. Masson, œuvres maîtresses ». Galerie Odermatt-Cazeau, Paris Catalogue.

De nombreux musées en France et à l’étranger conservent ses œuvres.

  • J.-P. Clébert, Mythologie d’André Masson. 1971.
  • André Masson, La Mémoire du monde. Éditions Skira. Collection « Les sentiers de la création », 1974.
  • Françoise Will-Levaillant, André Masson : anthologie de ses écrits, “Le rebelle du surréalisme”. Éditions Hermann 1976.

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